Stockholm, 26 juin 1996, 10h. du matin. Le closing de la cession du groupe que je dirige aura lieu dans quelques jours et je viens d’être nommé CEO de la société qui procédera à l’acquisition. Son Conseil d’Administration est exclusivement composé de Suédois et il m’a été demandé de faire, aujourd’hui, un exposé sur ma vision du nouvel ensemble et les premières mesures d’organisation que je compte prendre. Pendant 2 heures, je détaille l’état de mes réflexions dans un silence assourdissant. Aucune interruption, pas de questions, je ne vois, face à moi, que des visages attentifs.
A la fin, n’y tenant plus, je leur demande s’ils ont des questions à poser et, petit à petit, s’ouvre un débat, très discipliné, dans lequel chacun s’exprime à son tour, sans jamais interrompre l’autre. Quelques instants avant de partir déjeuner, je leur marque ma surprise de n’avoir jamais été interpelé au cours de mon exposé. Le Chairman m’indique alors que c’est la règle, ici. Tant que quelqu’un a la parole, personne ne la lui prendra. Chacun attendra sagement qu’on la lui passe pour s’exprimer à son tour ou poser des questions. Quelle leçon pour moi, habitué à nos réunions bien françaises tournant parfois à la foire d’empoigne et dans lesquelles l’expression des uns et des autres est à ce point spontanée qu’il est parfois difficile de conclure par des plans d’actions concrets.
J’en ai tiré un enseignement : la capacité d’écoute est l’une des qualités qu’il faut cultiver pour être plus efficace.
D’abord, c’est celui qui écoute qui s’enrichit. Ce que vous exprimez, vous le savez, mais ce que vous entendez vous est probablement inconnu. Attendez donc que votre interlocuteur ait fini de parler avant de l’interrompre. Il va peut-être vous apprendre quelque chose.
Ensuite, l’avez-vous remarqué ? Beaucoup de gens, face à leur interlocuteur, préparent la réponse qu’ils vont faire au lieu de l’écouter. Or, écouter, c’est mobiliser son esprit, se concentrer pour véritablement assimiler ce que l’autre dit, en tirer les leçons, bonnes ou mauvaises. Mal écouter, c’est accepter de laisser s’altérer sa capacité de jugement.
Il est également important, c’est le résultat de la concentration, de regarder en même temps qu’on écoute. Vous observerez les gestes, le langage corporel de votre interlocuteur et pourrez ainsi vérifier s’il est en harmonie avec le contenu et le ton de son discours.
Enfin, savoir écouter est à la base d’une bonne relation. Qu’il s’agisse de vos collaborateurs, de vos clients, de vos partenaires, en vous montrant disponible et en leur manifestant votre empathie, vous découvrirez leurs aspirations et leurs besoins. Vous créerez un lien de confiance fort qui est la marque la plus visible du Leadership.
Si nous avons été faits avec deux oreilles et une bouche, n’est-ce pas pour écouter deux fois plus qu’on ne parle ?
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L’écoute, je dirais même plus, l’écoute empathique, primordial et fondamental pour les « leaders », mais aussi à une conversation réellement Humaine & Altruiste 🙂 <3
Au plaisir de vous lire Monsieur !