Et une de plus ! On nous propose, régulièrement, des réformes auxquelles personne ne comprend rien, faute d’avoir été bien conçues et expliquées clairement. La haute administration, qui dirige les princes qui croient nous gouverner, est de plus en plus déconnectée des réalités des citoyens de notre pays et fonctionne en autarcie. Incapable de prendre la mesure de leurs attentes, elle reste convaincue de détenir la science infuse.
Pourtant, chacun le sait, le premier talent d’un leader, de nos jours, est de rendre compréhensibles les solutions aux problèmes complexes qui se posent dans nos sociétés modernes. A l’instar d’Edgar Morin qui a fait de la complexité le fil conducteur de ses recherches, il est nécessaire de se donner les moyens » d’affronter les défis sociaux et de freiner le dépérissement démocratique que suscite, dans tous les champs de la politique, l’expansion de l’autorité des experts et spécialistes de tous ordres, qui rétrécit progressivement la compétence des citoyens « .
C’est dans les détails du quotidien et non dans les concepts généraux que se trouvent les solutions. Comment ceux qui, pendant leur campagne, se voulaient disruptifs dans leur façon de conduire la politique se retrouvent-ils à ce point maladroits, dans la mise en oeuvre de leur programme ? Bien sûr, le français ne sait pas compter ; bien sûr, révolutionnaire pour les autres, il se montre ultra-conservateur pour lui-même ; bien sûr, chantre de l’égalité, il entend jalousement conserver ses privilèges propres. Mais justement, comme on connaît ses saints, on les honore. Le président, comme le gouvernement voulaient faire une politique différente. Ils ont oublié l’essentiel : » L’exemple n’est pas une façon d’influencer les autres, c’est la seule « . Cette pensée d’Albert Schweitzer aurait dû les inspirer. Comment faire comprendre à des râleurs de tous bords, qu’il faut plus travailler pour sauver les régimes de retraite de la faillite alors qu’on ne fait rien pour sauver le pays entier de la déconfiture ? La dette explose pour le train de vie de l’état. Alors pourquoi pas pour les retraites, pensent les Français, avec candeur. A partir du moment où l’état accepte de transférer le passif généré par le déficit permanent des comptes de la nation aux générations futures, pourquoi en exonérer celui des retraites ?
Nos dirigeants, pour la plupart issus de la fonction publique, essaient de faire perdurer un système dépassé. En ne se montrant pas rigoureux, en ne montrant pas l’exemple par une gestion attentive et frugale des deniers publics, ils ouvrent la voie à tous les renoncements. Cette soi-disant nouvelle façon de faire de la politique n’est que dans le dire, pas dans le faire. Ils avaient les moyens de changer les choses en arrivant au pouvoir en 2017. Il est trop tard désormais. Tant que le laxisme règnera au plus haut niveau de l’état, rien ne changera.
Nous restons la lanterne rouge de l’Europe, avec une fiscalité confiscatoire, un chômage endémique et un état-providence au bout du rouleau. Seule une politique de rigueur, lisible par tous, vigoureusement orientée vers l’allégement de la pression fiscale et sociale en concomitance avec l’allègement des dépenses de l’état permettra de renouer avec le dynamisme économique qui seul peut nous permettre de rebondir. Alors seulement, entraînées dans un cercle vertueux, les réformes, bien préparées, claires et soigneusement expliquées pourront voir le jour.