Décidément, nos gouvernants n’arrêtent pas de se prendre les pieds dans le tapis, à chacune des décisions qu’ils nous imposent dans la mise en œuvre des mesures contre la pandémie.
D’abord, étonnons-nous de leur méconnaissance d’une des règles de base de tout bon management : l’exemple. Il ne leur est pas interdit de se souvenir de cet aphorisme du Docteur Schweitzer : « L’exemple n’est pas la meilleure façon d’influencer les autres, c’est la seule ». Or, si nous sommes tous privés de restaurant, parfois de cantine, soumis à l’inconfort du click & collect, les cuisines de l’Elysée, de Matignon, de tous les ministères, de l’Assemblée Nationale, du sénat, des préfectures et bien d’autres encore, restent ouvertes. On a fermé les librairies et les rayons jouets des grandes surfaces par solidarité avec les boutiques. Qu’attend-on pour faire de même avec les salles à manger officielles par solidarité avec les restaurateurs ? On objectera que la technocrature a besoin de s’alimenter et ne peut être rabaissée au lot commun, mais c’est un mauvais exemple, qui décrédibilise un grand nombre de mesures.
Ensuite, la cohérence des mesures et la répartition des rôles. Alors que la population attend de ses élus l’expression d’une vision globale, puis la mise en œuvre de mesures par les autorités compétentes, notre président s’est progressivement transformé en chef de bureau, déroulant régulièrement des instructions détaillées, dont l’incohérence apparaît ensuite, au moment de leur mise en application, décrédibilisant de plus en plus sa fonction. « Pas plus de trente personnes à la messe » en est un exemple caricatural. Comment comprendre qu’une telle mesure, de portée générale, ne puisse être modulée en fonction de la taille des lieux de culte ? Une cathédrale peut-elle être traitée de la même façon qu’une chapelle ? Un autre modèle d’incohérence est le système des attestations écrites que l’on rédige soi-même. Le résultat de ces mesures idiotes est que les Français les plus modérés, ceux qui ne transgressent jamais la loi, le font désormais allègrement. Nos dirigeants ont oublié cette autre règle du management : Il ne faut jamais donner un ordre si on n’a pas les moyens de le faire respecter
Dans le monde des entreprises, cela fait des années maintenant qu’on recommande des organisations en « bottom up » et la disparition des modèles « top down », devenus archaïques. Visiblement, l’information n’est pas parvenue à nos hommes politiques. Pourtant, alors qu’on célèbre, cette année, Charles De Gaulle, ils seraient bien inspirés de relire ses premiers ouvrages, « La discorde chez l’ennemi » (1924), dans lequel il considère que le succès de l’armée prussienne, en 1870, est dû à une très forte décentralisation des responsabilités et au respect d’un puissant corps de doctrine élaboré par le général-en-chef Moltke et « Le fil de l’épée » (1932) qui traite de l’exemplarité dans le commandement et l’animation des hommes.
Enfin, la méconnaissance des règles de compétitivité, qui fait de nous le champion du monde de la fiscalité, vient de recevoir une nouvelle démonstration par l’interdiction des remontées mécaniques en stations, alors que la Suisse, notre plus grand concurrent en la matière, et qui s’en sort plutôt mieux, face à la pandémie, autorise les siennes et va gagner durablement des parts de marché.
Alors, on nous répond que l’état aide les secteurs sinistrés, ce qui est apparemment vrai, mais comporte de nombreuses zones d’ombres qui elles, ne sont jamais détaillées lors des conférences de presse. En réalité, les montants colossaux que l’état prétend nous octroyer, alors qu’il s’agit de nos impôts ou de dettes supplémentaires que devront bien payer un jour nos enfants et nos petits-enfants, ne compensent que partiellement les conséquences de ses décisions.
Il n’y a rien à faire. La technocrature française n’écoute rien ni personne, hors du sérail et n’apprend rien de ses insuffisances. Sa volonté de tout contrôler, son refus de faire confiance aux citoyens et aux élus de proximité, son interventionnisme, jusque dans les moindres détails, vont nous conduire à une crise majeure qui se manifestera au printemps. Nous avons un président qui se targue de culture philosophique. Peut-on lui suggérer de s’imprégner du rasoir d’Okham, ce principe qui date du XIVème siècle et qui prône la simplicité, l’économie, la parcimonie et que de facétieux penseurs modernes ont traduit par : « Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ».
Rétroliens/Pings