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Oui, c’est vrai, ce sketch de Fernand Raynaud date un peu. Mais il permet de garder à l’esprit qu’aujourd’hui, au-delà de son rôle de leader, d’enseignant ou de mentor, le dirigeant doit parfois se transformer en plombier. Oui, en plombier ! Réfléchissez un instant. De quoi s’occupe un plombier ? De la pression et du débit de l’eau. C’est de la façon dont l’eau est canalisée, contrôlée et dirigée en fonction de la pression, particulièrement quand il s’agit d’eau chaude, que dépend le bon fonctionnement de l’ensemble du système.
Le talent d’un plombier est donc de tout savoir sur le fonctionnement des soupapes de sécurité, des drains, des siphons et d’être capable d’intervenir en cas de surpression, de fuite ou de refoulement.
Voilà en quoi un dirigeant peut s’inspirer des qualités d’un plombier. Faisant régulièrement face aux fortes pressions, tant internes qu’externes, qui génèrent beaucoup de dépenses d’énergie, sous forme de colère, par exemple. Il doit aussi composer avec des refoulements sous la forme d’informations qui circulent en dépit du bon sens. Des jugements lapidaires négatifs de ses collaborateurs, autre exemple, vis-à-vis des équipes qu’ils dirigent. C’est alors que les soupapes de sécurité, les drains et les siphons deviennent nécessaires afin de libérer cette pression et de contrôler le flux d’informations, sans trop de dommages. C’est le moment où le dirigeant devient plombier. A lui de se transformer pour y parvenir, pour permettre au flux de se libérer sans pression et sans obstacle.
Passons maintenant de la métaphore à la conduite quotidienne du leader.
C’est à lui d’accueillir la frustration de ses collaborateurs, engendrée par la pression, la colère, le dépit de ne pas arriver à réaliser leurs objectifs.
C’est à lui d’être capable de les écouter patiemment, afin de permettre à la pression de retomber et à la capacité d’analyse de reprendre le dessus sur l’émotion.
C’est à lui d’affronter la réalité et, comprenant la sensibilité et la personnalité de chacun, d’amener ses interlocuteurs à découvrir les chemins qui mènent à la réussite.
C’est à lui, enfin, grâce à la confiance dont il jouit auprès d’eux, de se voir confier l’ensemble des éléments qui ont provoqué la crise afin d’y remédier.
Le général Colin Powell illustrait ainsi cette nécessaire confiance : « Le jour où les soldats arrêtent de vous confier leur problème est aussi, le jour où vous avez cessé de les diriger. Ils ont, soit perdu confiance dans votre capacité à les aider, soit conclu que vous ne vous souciez pas d’eux. Dans les deux cas, c’est un échec du leadership ».
Il faut beaucoup de patience pour agir ainsi, mais, au final, cette attitude porte ses fruits. Encouragez donc vos collaborateurs à venir vous voir quand la pression est trop forte, quand la colère et la frustration risquent de rendre leurs actions délétères pour l’entreprise. Dans la plupart des cas, l’échange entre vous ne permettra peut-être pas forcément de résoudre le problème, mais, en tout cas, il permettra de l’analyser et de faire retomber la pression, préliminaire indispensable à une réflexion sereine et propice à la découverte d’une solution.