Il est de bon ton, aujourd’hui, d’opposer le style de management des entreprises du secteur marchand à celui des entreprises associatives, coopératives ou mutuelles, dont les pratiques vertueuses se nourriraient d’un désintéressement proche de l’altruisme. L’humanisme, d’un côté ; le capitalisme sauvage de l’autre !

Vouant Milton Friedman aux gémonies, ne citant de lui que des phrases hors contexte, ses détracteurs prônent la sacralisation d’une raison d’être des entreprises, oubliant un peu vite que c’est déjà – et depuis longtemps – le cas des meilleures. Johnson & Johnson, par exemple a publié son crédo en 1943. Il se résume ainsi : « Nous sommes responsables en premier lieu envers les patients, les médecins et les infirmières, les mères et les pères de famille et tous ceux qui utilisent nos produits et nos services… Nous sommes responsables envers les employés qui travaillent avec nous… Nous sommes responsables envers les communautés dans lesquelles nous travaillons… En agissant selon ces principes, nous devrions assurer à nos actionnaires un juste revenu de leurs investissements ».

Concrètement, quel que soit le but poursuivi, une entreprise est une entreprise. Si elle veut croître et prospérer, elle doit mettre en œuvre des méthodes de management qui permettent d’y satisfaire. Qu’il s’agisse des Restos du Cœur, du Crédit Mutuel, des centaines de milliers de TPE/PME/ETI de notre pays ou du Groupe LVMH, toutes ces organisations, simples ou complexes, exigent un management professionnel et compétent, dont l’engagement quotidien est focalisé sur la réussite.

Si la forme juridique de l’entreprise donne au public quelques indications sur la destination de ses bénéfices, rien ne les interdit. Bien au contraire ! Leur absence sera souvent synonyme de faillite annoncée, car tout projet en développement, quelle qu’en soit la nature, exige que sa croissance soit financée. Si, dans une société commerciale, les actionnaires sont bien évidemment, les premiers bénéficiaires des profits ou dans une coopérative, les coopérateurs, dans une association, ceux-ci seront attribués aux ayants-droits désignés dans l’objet social. Il y a donc bien une obligation de résultat, qu’il s’agisse d’entreprises du secteur marchand ou d’entreprises non lucratives. Seule la destination finale change.

Aussi, quelle qu’en soit sa forme, toute entreprise, pour perdurer, doit bénéficier d’un management efficace, éclairé et humain. Qui pourrait accepter aujourd’hui que la direction d’un organisme caritatif soit inefficace ou la direction d’une entreprise commerciale inhumaine ?

Un manager dispose de ressources financières et d’un capital humain qu’il doit être capable de faire fructifier. Son devoir est de mobiliser ses équipes, de donner du sens à ce qu’elles font, d’obtenir d’elles qu’elles se dépassent, pour obtenir les résultats souhaités. Il doit savoir transformer la vision des fondateurs en mission claire et mobilisatrice. Son talent est de mobiliser toutes les parties prenantes : personnel, clients, fournisseurs, financeurs, partenaires.

Les rôles sont bien distribués : aux fondateurs, la projection d’une vision claire, à la fois de ce qu’ils veulent voir accompli et de la manière dont ce doit être fait ; aux chefs d’entreprise la mise en musique de cette vision, sous forme d’une mission collective conduite, au quotidien, avec détermination, frugalité et bienveillance.