Nous avons tous l’envie de plaire, de faire plaisir, de voir de l’amour, de la reconnaissance, voire de l’admiration dans les yeux de nos interlocuteurs. C’est inhérent au caractère sociable de l’homme, à sa recherche d’harmonie, de plénitude, d’approbation et d’encouragement. C’est la concrétisation, au quotidien, de la définition, par Aristote, de l’homme, comme un animal politique.
Il y a pourtant des circonstances dans lesquelles cette aspiration n’est absolument pas pertinente. C’est le cas de la direction des hommes. Vouloir diriger ses semblables exige, dès le départ, une attitude et un comportement très différent de ceux qui se laissent diriger, car le leader est celui qui prend des initiatives, qui entreprend, qui développe, qui conduit. Les autres se laissent conduire. Famille, amis, équipes de sport, voisinage, entreprises, associations, toutes ces communautés, plus ou moins importantes, ont besoin d’un leader qui exprime une volonté et qui agit. Face à la grande majorité de ceux qui se contentent de suivre, parfois d’adhérer, mais qui, le plus souvent, subissent leur sort avec résignation, la noblesse de la petite minorité de ceux qui entreprennent repose sur leur sens de l’initiative, leur goût du risque, leur courage d’agir et leur autorité naturelle.
Tenter de satisfaire tout un chacun est vain. S’assurer, en permanence, que chacune des personnes gravitant autour de vous est satisfaite, vous empêche de trancher, de prendre des décisions et d’aller de l’avant. Il est donc important, lorsqu’on juge utile de tenter de plaire à tout le monde, de s’assurer qu’il s’agit vraiment du meilleur usage de son temps et du meilleur usage des ressources de l’entreprise et non de l’expression d’un besoin personnel de plaire, de vouloir être aimé de tous, de satisfaire un ego mal placé.
Le leadership n’est un concours de popularité ; la vie non plus. Souvent, nous avons à prendre des décisions lourdes de conséquence et il faut bien que quelqu’un les prenne, lorsqu’on veut obtenir des résultats. Le problème, alors, n’est pas de plaire à chacun des membres de l’organisation, mais de faire en sorte que l’organisation toute entière progresse vers les objectifs qui ont été définis, ce qui nécessite parfois un exercice coercitif de l’autorité.
La politique française est l’exemple parfait de ce qu’il ne faut pas faire. Les hommes politiques se font élire sur un programme qui paraît sensé mais, une fois au pouvoir, pour maintenir leur capital de popularité et faire en sorte d’être réélus, ils s’empressent de tenter de satisfaire toutes les catégories sociales, en dilapidant les fonds publics, ce qu’aucun entrepreneur ne pourrait faire, sauf à accepter la faillite pour point final.
Un chef d’entreprise digne de ce nom sait adopter une conduite rigoureuse et exigeante quand il s’agit de conduire ses équipes. Le management au quotidien peut être bienveillant et autoritaire, il n’y a là aucune contradiction. Dans une entreprise, parce que les objectifs de pérennité et de développement exigent qu’ils soient atteints par l’ensemble des équipes simultanément, le collectif l’emporte toujours sur l’individu.
Et, comme le rappelle ce vieux proverbe : « on ne peut pas faire plaisir à tout le monde et à son père ».