Dans son récent ouvrage, « Nouvelles leçons d’histoire économique », l’économiste libéral Jean-Marc Daniel nous rappelle que c’est au début du XVIIIe siècle que Richard Cantillon, financier et économiste irlandais et français, qui a fait fortune en France grâce au système de John Law, a, le premier, introduit la figure et le mot d’« entrepreneur ». Il caractérise son activité par le fait que ses coûts sont certains quand ses bénéfices, eux, sont incertains. Au début du XIXe siècle, David Ricardo, à sa suite, le voit comme le capitaliste qui investit et qui, sur le plan agricole, apporte la semence, en ne sachant pas ce que sera la récolte. Il prend le risque, il crée le revenu futur, il est donc l’avenir. Schumpeter, au XXème siècle, fait sienne cette figure de l’entrepreneur conçue par Cantillon et la modernise en l’associant au progrès technique dans ce qu’il appelle la « destruction créatrice ». La destruction créatrice passe chez l’entrepreneur par l’innovation, c’est-à-dire sa capacité à abandonner de vieilles techniques au profit de nouvelles. Enfin, l’économiste et professeur au Collège de France François Perroux, qui fut un des introducteurs de la pensée de Schumpeter en France, considère que tout chef d’entreprise n’est pas forcément un entrepreneur ; pour lui, c’est l’innovation qui fait l’entrepreneur. Henry Ford, par exemple, quelques années après avoir fondé son entreprise, ne devient véritablement entrepreneur qu’en 1909, en lançant le célèbre modèle T. Pour François Perroux comme pour Schumpeter, l’entrepreneur est nécessairement un innovateur.

Ce résumé des quelques pages décrivant la pensée de Jean-Marc Daniel sur l’entrepreneuriat illustre à quel point l’innovation y est associée. Entreprendre, ce n’est pas seulement investir et s’investir dans une entreprise, c’est aussi et surtout, créer et innover, inventer de nouveaux produits, de nouveaux services, de nouveaux processus.

En ce sens, et bien qu’ils aient pu avoir recours à d’abondants financements associés à leur risque entrepreneurial, les Steve Jobs et Bill Gates, d’abord, les Larry Page et Sergey brin ou Mark Zuckerberg ensuite et, plus récemment, le très controversé Elon Musk en sont des exemples éclatants. Leur immense fortune occulte, auprès du public, la créativité et le travail acharné dont ils ont su faire preuve pour arriver à atteindre les objectifs qu’ils s’étaient fixés.

Aussi, au moment d’entreprendre, faut-il toujours se poser la question de savoir si, outre les moyens humains et financiers nécessaires à la création d’une entreprise, le projet que l’on porte est également suffisamment novateur pour séduire un public qui, ne le connaissant pas, ne l’attend pas. Il est aussi nécessaire de s’interroger sur sa propre capacité à y consacrer le temps et l’énergie nécessaire à son succès. Car, ne nous y trompons pas, tous les vrais innovateurs disposent aussi d’une puissance de travail exceptionnelle.

Soyez libre, entreprenez, cultivez votre leadership.