L’art de la conversation est un art typiquement français, dont Madame de Staël affirmait « sans impertinence, que les Français étaient presque seuls capables de ce genre d’entretien, exercice dangereux mais piquant, dans lequel il faut se jouer de tous les sujets ».

C’est aussi un moyen subtil d’exercer son leadership, en utilisant cette façon bien française de nouer des relations confiantes avec ceux que l’on conduit.

La convivialité en entreprise ne peut pas être restreinte à des relations de travail dont les échanges verbaux ne seraient constitués que de sujets ayant trait au fonctionnement de l’organisation ou à la réalisation des objectifs.

Il faut saisir les occasions et prendre le temps de converser sur d’autres sujets, même s’ils sont parfois très éloignés des préoccupations professionnelles, dans le but de construire, avec son interlocuteur, une relation plus profonde et de créer ainsi les conditions d’une confiance réciproque.

Le leadership n’est pas que de l’influence ; c’est aussi de l’attention aux autres, ce qu’ils font en-dehors de l’organisation, ce qu’ils pensent, ce qu’ils aiment ou détestent. C’est aussi, juste contrepartie, accepter de livrer une part de soi-même, même si parfois elle laisse découvrir quelques fragilités.

La conversation, au sens où on l’entendait au XVIIIe siècle n’est pas nécessairement un concours d’érudition. Il s’agit simplement d’échanger calmement, de façon ouverte et dans un esprit de tolérance, sur la situation politique, économique, les dernières lectures ou un événement récent marquant.

La conversation permet de mieux se connaître et de mieux s’apprécier. Ce ne sont pas forcément les prémices d’une amitié profonde, mais à coup sûr ceux d’une plus grande proximité.

L’autre avantage non négligeable de la conversation est que l’esprit de groupe prévaut. Même si le tête-à-tête doit être privilégié pour éviter les propos de café du commerce, la multiplication, par le leader, de conversations avec chacun de ses collaborateurs directs, créera une forme de consensus autour de lui. Qu’il partage ou non ses idées ou ses opinions, chacun d’entre eux sera en droit de se considérer comme faisant partie de ses interlocuteurs privilégiés et, au-delà de la relation hiérarchique, adopter une façon d’être et de faire, calquée sur lui.

Il ne faut pas traiter l’art de la conversation dans une entreprise comme une perte de temps, à la condition bien sûr de ne pas le laisser déraper sur la glose ou le dénigrement, mais comme un investissement dans la culture de l’entreprise et l’esprit d’équipe.

Alors conversons, parlons-nous, mais pas pour ne rien dire.

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