Nous sortons progressivement d’une crise sanitaire qui a conduit nos gouvernants à choisir, pour protéger les plus anciens, ceux qui risquaient de voir leur vie abrégée, de suspendre l’activité économique et de soutenir ses acteurs, au prix de déficits colossaux. Notre endettement public s’est ainsi envolé à plus de 2.700 milliards d’Euros. Aux jeunes générations, qui n’avaient rien demandé, de trouver une solution, quand les taux d’intérêts remonteront, car, ne nous leurrons pas, ils remonteront un jour. C’était un choix. L’avenir nous dira si c’était le bon, mais ceux qui l’auront fait ne seront plus là pour en répondre.
En même temps, il en est un autre, plus lancinant, qui se pose à nous, celui de notre démographie et de ses corollaires, la croissance économique et le financement des retraites. Le Président de la République vient de rappeler qu’il n’avait pas renoncé à leur réforme. Heureusement !
Mesure-t-on qu’en France, du fait de la chute croissante des naissances, nous risquons de perdre, d’ici 2060, entre 5 et 10 millions d’habitants. Nous ne sommes pas les seuls ; c’est le cas de toute l’Europe. Mais nous avons une originalité ; au même horizon, il ne restera qu’un peu plus d’un actif et demi pour un inactif. Il n’y a donc pas de choix. Faute de pouvoir augmenter impôts, taxes et cotisations sociales – nous sommes déjà champions du monde – il va nous falloir :
– Tailler dans la dépense publique, pour, dans un premier temps, ramener le déficit annuel à zéro et ainsi, progressivement alléger la dette.
– Allonger la durée de vie au travail en reportant l’âge de la retraite et le nombre d’années de cotisations nécessaires pour obtenir une retraite pleine, afin de revenir à une proportion d’inactifs par rapports aux actifs qui ne leur rende par insupportable son financement. Ce ne serait d’ailleurs que justice puisque nous continuons à gagner en espérance de vie et que la majorité des femmes et des hommes de 65 ans sont aujourd’hui en forme et tout à fait susceptibles de travailler.
– Allonger la durée annuelle du travail, seule façon de générer une croissance que la stagnation ou la diminution du nombre des actifs ne permet plus et que l’écologisation progressive de nos modes de vie et de production rend nécessaire, par les coûts supplémentaires et les investissements qu’il faut y consacrer
La période électorale qui s’ouvre doit permettre d’informer les Français qu’ils ne peuvent pas, à la fois, exiger plus de protection en matière de santé ou face aux aléas de la vie, plus d’écologie et travailler moins. Comme ils ne veulent pas non plus d’immigration supplémentaire comme palliatif, il n’y a pas de solution. Ce n’est pas une question idéologique, c’est un constat. Parmi les futurs candidats à la présidentielle, qui aura le courage d’énoncer clairement ce paradoxe et de proposer les mesures permettant de le résoudre ?
Notre système démocratique est-il toujours le plus mauvais des systèmes à l’exception de tous les autres ? comme aimait à le répéter Winston Churchill. Il est temps de se poser très sérieusement la question car la politique aujourd’hui n’est plus l’apanage des visionnaires qui faisaient partager leur vision au peuple mais de professionnels n’ayant que leur réélection en ligne de mire et gouvernant au gré d’opinions publiques volatiles. Dans une époque dominée par l’instantanéité de l’information, l’omniprésence des réseaux sociaux et la pression médiatique des chaînes d’information télévisée, seule une personnalité d’exception pourrait mettre en œuvre un projet ambitieux et réformer notre fonctionnement démocratique dépassé. Faute de quoi, le péril vieux deviendra réalité.