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Personne n’aime se tromper, mais il y a pire : avoir tort et ne pas le savoir, alors que tout le monde le sait ; se fourvoyer et être dans l’incapacité de l’admettre ; faire fausse route et ne pas s’en rendre compte ; s’enfermer dans ses convictions ; refuser les idées des autres et ainsi s’isoler.
Se tromper offre cependant de vraies opportunités et une bonne connaissance de soi, à la condition d’être prêt à l’admettre rapidement, afin d’en corriger les effets.
Premièrement, cela signifie que vous êtes raisonnable. Il y a souvent des débats, dans les processus de recrutement, lorsque, par exemple, d’autres personnes, intelligentes et perspicaces, apparaissent dotées d’une intuition à l’opposé de votre ressenti. Il faut alors accepter, au cours des discussions qui vont présider à la décision finale, d’exprimer son point de vue, certes, mais aussi d’écouter les arguments de tous les autres participants. Les gens déraisonnables n’admettent jamais qu’ils se sont trompés ou qu’ils étaient responsables d’un mauvais résultat. Voilà au moins une consolation.
Deuxièmement, vous démontrez que vous êtes ouvert, car la seule façon de découvrir que vous avez éventuellement tort est d’accepter que cela puisse être le cas. Etre pétri de certitudes n’est vraiment pas la bonne attitude pour voir le monde tel qu’il est. C’est un état qui empêche la prise en compte de nouvelles idées. S’entêter sur les siennes, refuser celles des autres ne vous permettra jamais d’en vérifier la validité. Seule la contradiction, portée à son paroxysme, permet à une authentique confrontation des points de vue, l’éclairage qui autorisera un choix final pertinent.
Troisièmement, vous mesurez ainsi que vous êtes toujours en mesure d’apprendre. C’est un vieux cliché, mais plus on vieillit, plus on mesure l’ampleur de ce qu’on ne sait pas. La bonne nouvelle, c’est qu’il y a, heureusement, une contrepartie : la sagesse peut venir avec l’âge, mais ce n’est pas garanti. Par contre, la connaissance universelle n’est plus d’actualité. C’est pourquoi il faut rester modeste dans l’expression de ses convictions et éviter, comme le chantait Georges Brassens, « de mourir pour des idées n’ayant plus cours le lendemain ».
Quatrièmement, cela signifie que vous pouvez comprendre. Vous n’êtes pas parfait. D’ailleurs, la perfection n’existe pas. Acceptez le fait que, quel que soit notre niveau dans la hiérarchie, nous sommes tous des femmes et des hommes avec leurs défauts et leurs qualités, ni plus, ni moins. Nul ne détient la science infuse. En acceptant que vous puissiez vous tromper, vous admettez aussi que vous n’êtes pas au-dessus de la mêlée.
Cinquièmement, vous apportez la preuve de votre humanité. C’est le lot de la condition humaine que d’avoir tort, le plus souvent. Mais votre confiance en vous n’en sera pas ébranlée si vous en avez admis, une fois pour toutes, le principe. Il ne s’agit que d’une erreur, un simple aléa dans l’action qui est la vôtre, au quotidien. Rien qui ne doive vous perturber.
Alors oui, il n’est pas nécessaire d’être infaillible pour maintenir, à un niveau élevé, son estime de soi. Se tromper, à la condition de relativiser, permet, au contraire, de la renforcer par la satisfaction qu’on éprouve, en faisant preuve de souplesse intellectuelle.