Au fil de l’évolution récente des méthodes de management des hommes, dans les entreprises, marquées aujourd’hui par la nécessité de proposer aux jeunes générations, moins engagées mais plus demandeuses de sens et d’empathie à leur égard, les théoriciens de tous poils s’en donnent à cœur joie, pour proposer des solutions créatrices et, reconnaissons-le, parfois surréalistes, dans leur mise en application.
Si le management a beaucoup évolué depuis des lustres, grâce à Frederick Taylor et Henri Fayol, les chantres de la productivité, au début du siècle dernier, puis à Peter Drucker, le père du management organisationnel moderne et Douglas McGregor, celui des hommes, à Marshall Goldsmith, John Kotter ou Seth Godin, enfin, les promoteurs du management comportemental, tous ces grands chercheurs ont été, depuis, interprétés par des disciples dont la rigueur de raisonnement n’a pas toujours été le fort. Il faut dire qu’en matière de conduite des hommes, la pratique et l’expérience sont sans doute plus inspirantes que la théorie en vase clos.
Il n’est toutefois pas inutile de garder présent à l’esprit qu’une entreprise est une organisation et, comme le mot l’indique, une organisation, ça s’organise. Et, lorsqu’on organise quelque chose, une entreprise, une collectivité, il faut proposer une vision, adopter une stratégie, prendre des décisions pour la rendre efficace, animer des équipes afin de les conduire au succès collectif.
Vaste programme ! Aussi faut-il, alors, savoir faire preuve d’autorité. Oui, d’autorité, ce mot qui a pratiquement disparu de notre vocabulaire, que ce soit à l’école, à l’université ou dans les entreprises. Il faut s’affranchir de cette évolution sociétale du refus de l’exercice de l’autorité et de son acceptation. La direction des hommes – et l’éducation aussi, qui l’exige – s’exerce avec autorité : autorité morale, mais aussi autorité verticale.
L’autorité morale, c’est d’abord de savoir bien se comporter, en harmonie avec ses valeurs et ainsi, donner l’exemple. Elle est l’ingrédient de base du leadership.
Mais l’autorité verticale, c’est de savoir donner des ordres et de les faire exécuter. Bien sûr, nous n’en sommes plus, dans l’entreprise, au temps des armées au combat : je dis / tu fais. L’autorité se conjugue désormais, sous la forme de l’exercice d’un leadership enthousiasmant, propice à la motivation, mais aussi d’exigence rigoureuse accompagnée, finalement, de sanctions, positives ou négatives.
Que les exigences nouvelles de la gestion des ressources humaines nous amènent à modifier de fond en comble notre façon de les faire régner dans les entreprises ne se discute pas. De la définition précise des critères de sélection du personnel à recruter à son animation quotidienne, en passant pas son intégration réussie, nous devons désormais profondément améliorer nos pratiques afin de motiver et de conserver nos équipes dans lesquelles, de surcroit, il nous faudra, compte tenu de l’accélération exponentielle des technologies émergentes, investir massivement, en formation continue.
Mais cette exigence nouvelle s’accompagne nécessairement du maintien d’une organisation efficace et performante dans laquelle l’autorité au quotidien garde toute sa place. Elle reste le seul moyen, à ce jour, de faire progresser le collectif que constitue l’entreprise.