Quel déferlement médiatique, à l’occasion de la venue à Paris, il y a quelques jours, de « The Era Tour », de Taylor Swift. Accueillie par un public enthousiaste et éclectique, la star mondiale a fait carton plein. Au-delà des prestations de cette grande artiste, intéressons-nous aujourd’hui à son parcours et aux ingrédients de son succès mondial.
Depuis près de vingt ans, elle construit une véritable entreprise dont elle est à la fois le produit, la promotrice et la dirigeante. Au-delà de ses incontestables dons musicaux et d’écriture, elle s’est astreinte à un gros effort personnel, afin de maîtriser les techniques lui permettant de les faire fructifier et de les transformer en talent éclatant.
L’entreprise Taylor Swift se structure comme n’importe quelle start-up.
Le « produit » d’abord, comporte deux dominantes, le contenu et l’interprète. Bien encadrée par les vétérans du show business, elle commence sa carrière en exploitant le filon « country », toujours très populaire aux USA. Elle saura le faire évoluer progressivement vers des sonorités plus internationales, dans le but de conquérir le monde. Réputée bonne parolière, elle se soumet pourtant à une formation approfondie à l’écriture, avec la volonté de livrer le produit parfait. Mais l’interprète veut se distinguer également. La bienveillance sera donc son mode privilégié de communication. Engagée dans le féminisme et la lutte contre les inégalités, elle répond ainsi parfaitement aux aspirations de ses fans.
Le « marketing », ensuite, est particulièrement soigné. Cultivant l’émotionnel, elle multiplie les contenus, vidéos, documentaires, interviews, afin d’asseoir une marque forte, conforme à sa personnalité et se pose en militante du droit des artistes sur leurs œuvres. Furieuse de la perte de ses droits sur ses premiers enregistrements, à l’occasion du rachat de son ancien label, en 2021, elle largue les amarres avec l’industrie de la musique et prend son indépendance, face aux majors et aux plates-formes de streaming, en faisant le pari, insensé, à l’époque, de réenregistrer, pour son propre compte, ses premiers albums, tablant sur la puissance de sa marque pour assurer leur succès. Gagné ! Elle se réapproprie son public.
La « production », enfin. Désormais seule à la barre, elle construit sa propre structure, pour gérer enregistrements, productions vidéos, tournées de concerts, réseaux et communication. Les chiffres laissent sans voix. Elle aurait accumulé, à ce jour, un patrimoine supérieur à 1 milliard de dollars.
C’est le triomphe de l’entrepreneuriat ! Taylor Swift est une grosse bosseuse qui sait manier l’intelligence, la volonté et le talent. Elle sait choisir ses collaborateurs ; elle sait aussi les diriger. Très jeune encore, elle n’avait pas hésité à se séparer de son manager, pas assez efficace à son goût.
La leçon à tirer de cette aventure, c’est que l’entrepreneuriat est vraiment devenu la nouvelle façon de croître et de prospérer, quand on a du talent, du courage et de l’ambition. Ce qui n’était pas possible dans nos vieilles économies, Internet et les réseaux sociaux l’ont permis en abaissant considérablement les barrières d’entrées sur les marchés les mieux verrouillés. Taylor Swift ouvre une voie que suivront d’autres artistes, celle de l’alliance de l’art et de l’entrepreneuriat, afin de triompher des vieilles routines sclérosées. D’autres alliances se noueront, dans de nombreux domaines, qui propulseront l’entrepreneuriat vers un rôle de plus en plus moteur.
Crédit photo : Eva Rinaldi
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