C’est l’antienne permanente de nos élus et gouvernants, récemment reprise par Marlène Schiappa dans une tribune des Echos. Mais c’est une contre-vérité, une facilité, la matérialisation de leur incapacité à assumer économiquement le mandat qui leur est confié par l’élection.

Si la politique est, bien sûr, affaire de vision et de proposition répondant aux vœux d’une majorité, sa conduite n’interdit nullement de faire en sorte que les comptes soient en équilibre. Chaque ménage sait que si ses dépenses sont supérieures à ses recettes, il devra emprunter, à la condition que sa solvabilité le lui permette. Mais emprunter veut aussi dire rembourser. Ce sont alors les recettes du futur qui seront amputées de ces échéances.

Notre pays est au bord du gouffre financier et peut-être bientôt à la merci de ses créanciers, qui lui dicteront probablement leur loi, le moment venu. Aussi, au lieu de rivaliser de créativité en matière d’impôts – suppression de l’abattement de 10% des retraités, retour d’une forme de taxe d’habitation, réduction des aides aux entreprises, etc. – les membres du gouvernement vont-ils enfin s’attaquer à la dépense ?

Dans une entreprise en difficultés, lorsqu’on doit rétablir les équilibres, le chiffre d’affaires n’est pas une variable d’ajustement garantie. Seul l’Etat peut jouer sur l’impôt. Aussi une restructuration d’entreprise commence-t-elle toujours par une chasse aux dépenses et des efforts significatifs en termes de productivité et d’efficacité. Or, l’Etat dispose de nombreux organismes, à commencer par la cour des comptes, susceptibles d’œuvrer à la réalisation d’objectifs de réduction de dépenses. Il peut aussi suivre les exemples des plus vertueux de nos voisins européens. Pourquoi ne pas « benchmarker » leurs meilleures pratiques ? Il suffit ensuite, en procédant aux arbitrages nécessaires, de prendre les décisions d’économies et de les faire appliquer.

Tout le personnel politique, de gauche comme de droite, se réfère aujourd’hui au Général de Gaulle. On peut se poser la question de savoir pourquoi, puisque personne ne semble tirer les leçons de sa gestion du pays. En retrouvant le pouvoir, en 1958, considérant qu’il lui fallait les moyens de la politique qu’il entendait mener, il s’entoura de brillants économistes, menés par Jacques Rueff et mit au ministère des finances Antoine Pinay, qui jouissait de la confiance des épargnants. C’est une thérapie de choc qui fut appliquée.

Comme nous sommes aujourd’hui le premier des pays de l’OCDE en matière de prélèvements fiscaux et sociaux, cette piste nous est définitivement fermée. Il ne nous reste que la réduction des dépenses publiques, qui est une nécessité absolue. Elle sera obtenue par un travail d’analyse sérieux qui conduira à des choix budgétaires précis ainsi qu’à l’allongement de la durée du travail. Quant à la réduction des dépenses des collectivités territoriales, absolument nécessaire également, la diminution du nombre des normes qu’elles doivent respecter leur permettra de réduire sensiblement leurs effectifs.

Alors, si on ne dirige pas l’Etat comme une entreprise, si la politique seule est reine, elle ne peut toutefois se conduire qu’en fonction des moyens du pays. C’est pour cela qu’en définitive, on gère l’Etat comme une entreprise. Les candidats feraient bien de s’en souvenir, s’ils ne veulent pas, tôt ou tard, subir le joug de nos créanciers.

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