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Le récent blog d’une équipe réunie autour de John Kotter, professeur à la Harvard Business School et spécialiste du changement, m’a interpellé. Rédigé après la pandémie, il constate que le plus grand défi auquel nous sommes aujourd’hui confrontés, est la nécessité de nous adapter de plus en plus rapidement pour faire face à l’incertitude et à la complexité croissante du monde.

Tout indique que la volatilité croissante, la complexité et les changements rapides sont la nouvelle norme, ce qui exige de nouvelles façons de conduire le changement, au sein des organisations, et de nouvelles méthodes pour motiver les équipes.

Les êtres humains sont résistants au changement. Mais ils sont aussi animés par la curiosité et programmés pour rechercher la nouveauté. En période d’incertitude, deux canaux se font face : le canal de survie, d’abord, qui est activé par les menaces et conduit à la peur, l’anxiété, le stress ; il concentre l’attention sur l’élimination de la menace. Le canal de l’épanouissement, ensuite, qui est activé par les opportunités et conduit à l’excitation, la passion, la joie, l’enthousiasme. Il concentre l’attention sur l’ouverture d’esprit et la volonté de coopération.

Mettre en œuvre un processus de changement important implique donc, alors, d’empêcher l’action négative du canal de survie et d’activer celui de l’épanouissement.

Afin de créer les conditions du succès, de l’adaptabilité et du leadership, l’art du dirigeant consistera, pour être à même de faire pivoter des organisations rapidement, à calmer le canal de survie et à stimuler le canal de l’épanouissement.

Comment procéder ?

1. Réduire le bruit ambiant.
La quantité d’information que reçoivent les managers a augmenté considérablement ces dernières années, important aussi quantité de bruit gênant (les biais). Si l’information est indispensable pour prendre les bonnes décisions, elle est aussi susceptible de déclencher le canal de survie. Il faut donc en premier lieu analyser les informations transmises et éliminer celles qui n’ont que peu d’utilité où qui sont redondantes. Faire une cure d’amaigrissement face à l’infobésité !

2. Eliminer les incertitudes inutiles.
L’incertitude est pire qu’une menace identifiée, car elle conduit à occulter la capacité de décision. Le rôle d’un bon dirigeant est donc de l’éliminer. Il vaut mieux faire face à des menaces concrètes et se trouver en situation de devoir les éliminer que de ne pas savoir ce qui nous attend.

3. S’appuyez sur les opportunités.
Face aux menaces, il y a les opportunités. Quels sont les défis à relever ? Comment l’innovation peut-elle y contribuer ? Quels sont les besoins des clients, des salariés, des fournisseurs, des actionnaires, de la communauté dont on fait partie ? Répondre à ces questions et maintenir un niveau d’engagement élevé, tourné vers l’avenir, permet d’activer le canal d’épanouissement. Peter Drucker le disait déjà, il y a plus de 50 ans. Il faut savoir transformer ses faiblesses en opportunités.

4. Célébrer le progrès.
Aujourd’hui, le contrôle de gestion interne le mesure précisément. Ce qu’il convient de faire, désormais, c’est de le fêter. Créer un environnement où le succès est célébré, c’est activer le canal d’épanouissement et promouvoir le changement.

5. Déléguer le contrôle,
Un environnement où les dirigeants encouragent et délèguent le contrôle, inspire l’initiative et le leadership, car davantage de personnes sont investies dans la réalisation des objectifs.

Il faut prospérer dans le changement, le conduire dans un état d’esprit positif et non simplement y survivre, ce qui est synonyme de résistance et d’angoisse. C’est le moyen, aujourd’hui, de faire face à l’incertitude et à la complexité du monde.