Au sein des grands distributeurs intégrés, Carrefour, Auchan, Casino, une nouvelle forme d’organisation est en train d’émerger : le transfert à des commerçants indépendants de la gestion d’un nombre important de leurs points de vente.

Pourquoi ? Parce que la concurrence entre enseignes est à ce point exacerbée qu’il apparaît nécessaire de laisser beaucoup plus d’autonomie au magasin, afin de lui permettre de s’adapter aux multiples exigences de sa clientèle propre, ce que les organisations centralisées ne permettent pas.

Ainsi, après 60 ans de cohabitation houleuse, le concept de la distribution affiliée représenté par Leclerc, Intermarché et Système U aura fini par triompher.

C’est l’application, à la distribution, du principe de subsidiarité. Dans le cadre d’une stratégie établie par la direction générale d’un grand groupe, après concertation avec ses affiliés, chacun d’entre eux va la mettre en œuvre, dans son propre magasin, en l’adaptant aux habitudes de consommation locales.

Quel en sont les avantages ?

– Les prix. Chaque magasin va pouvoir réagir instantanément aux évolutions du marché local et de la concurrence alentour.
– L’assortiment. Les habitudes locales de consommation seront mieux prises en compte.
– La disponibilité. Complément de l’assortiment, les stocks seront ajustés au niveau de la consommation locale.
– La gestion des équipes. Chaque magasin, géré comme une PME, sera ainsi exonéré des procédures sociales lourdes des grands

groupes et des effets de seuil des instances représentatives du personnel. Le climat social sera aussi meilleur grâce à une relation directe entre le patron, qu’on voit et qu’on côtoie chaque jour, et ses salariés.

Mais il y a aussi des avantages indéniables pour les grands groupes eux-mêmes qui voient leur gestion rendue plus efficace par la réduction des courroies de transmission représentées par le management intermédiaire, toujours difficile à motiver.

Il est enfin nécessaire, aujourd’hui, de prendre en compte les aspirations de la génération Z qui rejoint progressivement l’entreprise. Les hiérarchies intermédiaires les révulsent. Ils ne voient pas de sens à ce qu’ils font, pris en sandwich entre leur encadrement généralement représenté par des profils traditionnel dont ils se méfient et les responsabilités qu’on veut leur donner, qui ne les motivent pas vraiment. Ils n’aiment ni obéir, ni commander.

Dès lors, la subsidiarité, érigée en forme d’organisation entrepreneuriale, est beaucoup plus attractive, grâce à l’espace de liberté qu’elle donne à chacun, au sentiment réel de pouvoir peser sur l’action et à la responsabilité qui peut être exercée.

L’entreprise-baleine qui décide de changer de direction met toujours un certain temps à le faire alors que le banc de poisson, lui, est capable de faire demi-tour instantanément. La lourdeur inhérente aux grosses structures les rend rigides, procédurales et lentes alors que la vitesse d’exécution est devenue un véritable avantage compétitif.