Travailler beaucoup est certainement nécessaire, lorsqu’on monte son entreprise par exemple ou lorsque des évènements inattendus exigent un surcroît d’attention et un pilotage plus serré.

Mais ne confondez pas travail intensif – et parfois excessif – avec activisme à tous crins.

Et d’abord ne considérez pas que le qualificatif de gros travailleur soit un marqueur de qualité intrinsèque. Après tout, vous êtes peut-être tout simplement désorganisé et compensez cette désorganisation par un temps de travail plus long au détriment de votre vie sociale ou de votre vie familiale.

Certains, d’ailleurs, fonctionnent en silo, à côté de leurs collaborateurs, à des activités complémentaires. Ils travaillent dans leur entreprise et non sur leur entreprise. Ils passent leur temps à compenser des manques, à résoudre des problèmes subalternes.

Vous n’êtes pas dans une bureaucratie où les promotions dépendent de l’assiduité au poste de travail. N’imitez-pas ces ronds-de-cuir lèches-bottes qui se montrent un quart d’heure avant et un quart d’heure après l’horaire pour se faire bien voir de leur supérieur. Ce n’est pas efficace, pour ce qui vous concerne, vous qui voulez être un leader entraînant.

Le travail est incontestablement, ce qui crée de la valeur dans une entreprise. Vous pouvez donc, en adoptant la posture de gros travailleurs, participer à cette création de valeur. Mais dans ce cas, cela veut dire que vous vous contentez d’une très faible contribution limitée au temps que vous y consacrez. Ne vaut-t-il pas mieux être celui qui organise la création de valeur au niveau de toute l’entreprise, de son évolution sur son marché, de sa productivité, de son efficacité ?

C’est souvent le point faible du chef d’entreprise, particulièrement d’une organisation qui se développe. Il faut toujours plus de bras ; alors, il apporte lui aussi les deux siens privant ainsi l’ensemble de sa tête.

Ce n’est pas en travaillant à sa tâche particulière, au milieu de ses équipes, que le leader fera avancer les choses. Bien au contraire, il occulte totalement l’appréciation d’ensemble qui doit être la sienne et la réduit à une vue parcellaire et souvent fausse des tâches à accomplir.

Une seule exception. Il peut arriver que, de façon ponctuelle, on soit amené à donner la main, pour faire avancer plus rapidement le programme, pour donner l’exemple, pour donner du cœur à l’ouvrage à ses équipes.

Vous voulez toutefois travailler beaucoup, parce que c’est dans votre nature ? Alors, concentrez-vous alors sur votre métier de dirigeant, observez et analysez les tâches de chacun de vos collaborateurs, imaginez des solutions pour gagner en efficacité, les former ou les faire former au nouveau concept ou au niveau geste, et cassez-vous la tête pour les motiver et les rendre heureux de ce qu’ils font. Toute votre propre productivité est là.

Croyez-moi, votre temps prendra bien plus de valeur que celui que vous auriez consacré à travailler à leur côté à des tâches parcellisées.

Plutôt que de susciter l’admiration pour votre puissance de travail, étonnez plutôt le monde par la qualité et la pertinence du projet que vous portez.